camocruse

La Camocruse

De toutes les formes d’entités maléfiques, il en est une particulièrement pernicieuse et dangereuse.

Connue naguère en Occitanie sous le nom de Camocruse, son activité ne se limite malheureusement pas à cette région. Une enquête approfondie à été menée par un de nos membres sur une durée de trois ans. Il a recensé pas moins de 27 cas avérés et 11 sur lesquels subsiste un doute.

Pour bien comprendre de quoi il s’agit exactement, il faut remonter aux sources : à l’origine il s’agissait plutôt d’une tradition orale, et les premières traces écrites n’apparaissent qu’à la fin du 18ème siècle. En particulier dans le Journal de l’abbé Flaville. Ce curé de campagne fut lui même confronté à plusieurs cas entre les années 1765 et 1793( date à laquelle il fut exécuté ).

Citons ici un passage révélateur de son journal : ” Dans la nuit du 26 Vendemiaire(19 octobre NDLR ) je fus éveillé par des coups violents frappés à l’huis, et les cris apeurés d’une femme. Lorsque j’eus revêtu un habit décent et ôté la barre, s’introduisit en grande hâte la personne que je reconnus être la femme Marie M… , de D…,une de mes paroissiennes, bonne chrétienne, assidue à tous les offices. Son langage, d’ordinaire intelligible semblait peu cohérent tant s’y mêlaient pleurs, cris et lamentations. Parmi ses mots et dans son expression peu cousue, je saisis avec effroi, plusieurs fois proféré le nom maudit de Camocruse, déjà évoqué à diverses reprises dans ce journal.

(…)Le vent était vif ,et par deux fois manqua éteindre la lanterne, avant que nous n’atteignions le logis de la femme M… Une ferme peu éloignée, mais isolée, près d’une ravine, au lieu dit Malpertuis.

Nous franchimes le seuil, et bien qu’il y eût encore dans l’âtre la lueur de quelques tisons, régnait ici un froidure mortifère, et la lumière aussi vive fût elle de la lampe perçait à grand peine une brume grise épandue jusque la poutraison.

Le haut lit était vide ,car l’homme parti vendre un cheval à Monluçon .Plus bas ,dans l’alcove,sur la paillasse des enfants, gisaient les corps sans vie des deux petits.

( suit la copie des constatations faites quelques heures plus tard par le citoyen Rambert ,apothicaire )

On peut y lire : ” Yeux révulsés ,lèvres blanches, un peu de bave aux comissures, langue bleue. Des marbrures au front et sur les joues, et sur la poitrine une tache bien marquée formant l’empreinte d’une patte avec trois longues griffes devant et une plus courte derrière. ”

Le rapport est contresigné par deux citoyens.

Dans les notes complémentaires prises par l’abbé Flaville, il relève entre autres détails que le crucifix gisait au sol, brisé en plusieurs morceaux, et qu’il régnait dans la pièce une étrange “odeur balsamique”.Puis l’ecclésiastique souligne la parfaite similitude avec les autres cas rapportés précédemment de façon plus succinte dans son journal: les victimes sont toujours des enfants, “parfois encore à la mamelle ”,les décès ont toujours lieu la nuit, il règne sur les lieux un froid intense, et la brume tantôt bleue tantôt grise est toujours présente, ainsi que l’odeur, dont la description varie toutefois d’un témoin à l’autre.

L’aspect du corps est toujours identique, ainsi que la marque laissée sur la poitrine, à l’emplacement du coeur.

On peut considérer l’abbé Flaville comme le premier chroniqueur, si ce n’est le premier enquêteur sur ces mystérieux phénomènes. Du fait de sa disparition prématurée, il n’eut pas le temps d’avancer très loin dans sa réflexion, ni de tirer des conclusions, en dehors de “manifestations diaboliques “ou d'”interventions démoniaques “.

Tel était le point sur la question à la fin du 18ème siècle. Comme nous le verrons dans la deuxième partie, de nouveaux cas tout aussi troublants ont émaillé le 19ème et le  20ème siècle. Avec parfois des particularités étonnantes, qui ouvrent la voie à de nouvelles réflexions et peut-être à un début d’explication du phénomène.

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